Parce que notre destination est incroyable, elle inspire de nombreux artistes.
Cette fois-ci, c’est Tristan Zandona de Nancy, amateur d’art poétique qui nous partage ce poème, écrit en souvenir d’un voyage dans notre région :
Le Mont Saint-Michel
« J’ai voulu tant de fois faire chanter mes vers,
Pour vanter, bien trop fier, des vertus qu’on révère,
Mais suis las de courir vainement mes Amours,
Recherchant ma Sappho de Nancy à Strasbourg :
Je veux donc à présent offrir ma mélodie,
À la muse du Nord : la douce Normandie.
–
Je fus lointain Lorrain, par l’Étoile conduit,
Entre seize et vingt-ans, inondé de lumière,
Sur les cimes d’un Mont que le ciel a produit,
Et vêtu tout le jour de sa beauté première.
D’un murmure aussi doux que ne l’était son nom,
Saint-Michel rappela, comme après un doux rêve,
À ses antiques vers, sans gloire et sans renom,
Son fidèle chanteur dont le sommeil s’achève.
En recueillant la myrrhe et le baume bénit,
J’y respire à nouveau ce parfum que m’apporte,
L’immuable nature et l’azur infini,
De cet immense ilot aux séculaires portes.
Six voyageurs d’Europe au pied d’un marbre assis,
Balayent l’horizon en battant des paupières,
Et s’exclament alors : « Regardez par ici !
« Regardez, la voilà ! La France tout entière ! »
Moi j’aspire à rêver, au vent léger du soir,
Dans la vaste abbaye, sur un banc solitaire,
Où, trop ému, un moine, ira non loin s’asseoir
Pour me voir espérer trouver l’amour sur Terre.
En effet, il faudrait qu’un ange vînt des cieux,
Que Michel vole au son du chant des pâles mouettes,
Pour étancher les pleurs de mes célestes yeux,
Pris d’un doute éternel relatif aux poètes :
« Médite mieux sur toi contemplateur du ciel,
Toi dont l’âme est pareille à cette illustre toile,
Car tes jours sont mêlés d’amertume et de fiel,
Quand ton regard se pose en deçà des étoiles !
Sache qu’on pourra dire, en lisant tous tes vers :
« Ah ! Parmi tous ces cieux que réjouit Marie,
Il en est un, c’est sûr, qui vaut tout l’univers !
Celui que je préfère est ma jeune patrie ! ». ».
À mes anciens camarades et enseignants
de l’établissement Henri Poincaré à Nancy.«
Son précédent texte envoyé en 2020 :
Des hauteurs d’un mont, prénommé Michel,
L’homme peut toucher, le ciel et l’éther,
Portant à son dos, une paire d’ailes,
Il devient ange, rejette la Terre.
Parmi les mortels, il voit sa langueur,
Changée par le mont en grande vigueur,
De celui qui hait les maux de son siècle,
Reclus dans son cloître aux portes de fer,
De celui qui fuit, comme le fit Thècle,
Il prend son envol, délaisse l’enfer,
Car oui ce lieu a de nombreux pouvoirs,
Peut-être réels ou bien illusoires,
Du haut du sommet, épouse le ciel,
Tantôt le soleil et tantôt la lune,
Tous deux il les aime encore et sans fiel,
Il ne choisit point plus l’autre que l’une;
Cet immense îlot, plutôt forteresse,
Au milieu de l’eau, berce et me caresse,
Il n’y a ni fleurs, ni ample verdure,
Pourtant moi j’y sens l’odeur de Nature,
Que des bâtiments aux pierres dures,
C’est le vent violent, dans son aventure,
Balayant les champs aux jeunes fleurettes,
Qui ramène à moi, sa senteur secrète;
Cent cinquante-sept, le nombre de mètres,
Où surplombe seul, l’archange majeur,
L’épée à la main, celle qui fait naître,
Contre le dragon, le coup ravageur,
Et j’espère un jour, m’élever ou choir
Vers le bel Eden ou l’enfer sans gloire;
Le Mont Saint Michel, cette œuvre plurielle,
Ou conjugaison, de maints éléments,
Par sa Trinité, terre, mer et ciel,
Suscite divers plaisirs sensoriels,
J’ajoute du moins, la touche finale,
A ce beau tableau, aux couleurs vernales.